
1991
Année des 77 ans.
14 janvier. Cérémonie de remise du Prix de consécration de l’État du Valais 1990 à Sion. 22 janvier. « Autour d’un livre », rencontre organisée par L’association des écrivains neuchâtelois et jurassiens, la Société du livre contemporain, la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel. 31 janvier. Lettre à Pierre-Olivier Walzer de Paris. « Mon bien cher P.O., chère Simone, / Oui, j’étais quelque peu las de mon passage à Berne. La fatigue après les cérémonies officielles et restauratrices de Sion […] et la déception que notre dimanche au bord de l’Aar ait été “perturbé” par cette créature retour du Koweit et d’un champ d’orchidées et dont les propos faisaient l’imbécillité et la prétention. Me faire ça à moi qui suis privé par trop de votre présence affectueuse m’a paru au-dessus de mes forces. Puis il y a eu Zürich, Berne, Neuchâtel sous la protection généreuse mais étouffante de la Présidente jurassienne… tout de même la surprise de rencontrer le cher Paul Cuttat de bonne compagnie et de notre espèce. Pardonnez-moi ! Je suis heureux de me retrouver dans ce Paris de guerre lointaine et du rapprochement avec mon chat. / Je vous embrasse et Merci ! Georges »
Dans les Échos de Saint-Maurice (1991, tome 87, p. 34-36), Bernard Athanasiadès rapporte le passage de Georges Borgeaud à Sion le 14 janvier pour la remise du Prix de consécration de l’État du Valais 1990.
21 février. Musée Jenisch, à Vevey, « Commentaire de quelques œuvres majeures par Monsieur Gerges Borgeaud écrivain “Autour de la peinture et de la poésie” », rencontre organisée par Arts et Lettres de Vevey.
16 juillet. Lettre à Pierre-Olivier Walzer du Grès, Calvignac. « Merci de tout cœur pour l’envoi du beau Dictionnaire des littératures suisses. […] Je t’avouerai que je regrette que tu n’aies pas été mon présentateur. Il me semble que tu aurais mieux cerné ce qu’il y a d’indiscernable dans mes tentatives d’écrivain. Bien entendu Jean Roudaut est une signature qui m’intimide d’autant plus que je ne suis pas certain d’appartenir à ses choix secrets. Pourtant, il m’a toujours soutenu en allant si loin dans ses analyses que je suis souvent devant lui en état d’intimidation. Je connais déjà des gens qui s’étonnent de cela et qui envient le fait d’être considéré comme un écrivain peut-être difficile, tout au moins simple qu’il ne paraît. D’ailleurs, il est vrai, mon intention n’a jamais été d’être explicable, encore moins d’obscurcir mes sources. C’est simplement de savoir qu’on ne peut rien définir qui me permet quelques obscurités. »
9 septembre. Lettre à Pierre-Olivier Walzer du Grès, Calvignac. « Mon cher P.O. / et chère Simone / je rentre enfin à Paris demain. L’été a brûlé les arbres et toutes les énergies créatrices. / L’année prochaine, ce sera la fraîcheur des alpes. »
10 novembre. Lettre à Pierre-Olivier Walzer de Paris. « Mon cher Pierrot, / je suis heureux de t’avoir un peu convaincu à propos de l’homosexualité de Ch. A., de sa pédérastie plutôt. Je confirme l’avoir vu entouré d’une nuée d’enfants où les garçons plus impertinents et audacieux que les petites filles étaient plus nombreux et plus bruyants. C’était tout à la fois touchant et malaisé pour le spectateur que j’étais, particulièrement dans le vignoble vaudois du lavaux. Je rejoignais souvent Bosshard à Riex pour un souper, une réunion autour du musicien Victor Desarzens. Ainsi ai-je vu Ch. A. monter de la gare de Cully à pied jusqu’à Riex, entouré d’une ribambelle de gamins mais, en effet, je n’ai jamais vu notre grand homme être familier dans les gestes, sinon les gosses se seraient écartés. Une caresse dans les cheveux ébouriffés et c’est tout. L’animal-enfant se serait méfié de trop de familiarité. […] Je crois qu’après t’avoir révélé “l’infirmité” biologique de C.A. on comprend que le sentiment pédérastique s’était mué en une recherche de tendresse plus qu’un appel de coït. Mais je n’en sais rien ! De toutes façons, qu’il préférât les garçonnets aux fillettes c’est presque fatal car il est plus difficile d’entourer des filles que des garçons quand on sait (il savait) qu’il ne pouvait aller très loin. Une fois encore, je n’en sais rien car j’ai eu un pouvoir normal sur ces jeux du sexe ! […] Je te renvoie ton texte et te remercie de me l’avoir envoyé. Il est indiscutable. Parleras-tu, à propos de Rome, des démarches de Claudel pour faire libérer Ch. A ? S’il était ainsi dévoué, je crois qu’il ne l’aurait pas fait pour un acte homosexuel (ou même sur une fillette) bien qu’il ait admirablement et par admiration toujours déchargé Rimbaud de son vice, alors qu’il fustigeait Gide à ce propos ».
16 décembre. Attribution d’une bourse « destinée à l’encouragement de la création littéraire ». « Monsieur Georges Borgeaud se déclare prêt à écrire, à la demande de la fondation Pro Helvetia l’œuvre suivante : – genre littéraire : Essais, réflexions, pensées, diversités / – titre provisoire : Absurdités. » 26 décembre. Lettre à Pierre-Olivier Walzer de Paris. « A propos de mon Ch.A.C. à la Manufacture, il est tombé à l’eau. La collection qui êtes-vous de sieur [Michel] de Paepe s’est cassée la gueule. Par conséquent, je suis libre et déjà pris car j’avais imprudemment signé pour ce petit travail un contrat avec Fribourg pour la collection romande des éd. universitaires. »