1960
Année des 46 ans, de la reprise de l’écriture du Voyage à l’étranger, du travail à la Galerie de l’Opéra, de la mort de R. Th. Bosshard, du baptême de sa filleule Aline.
16 au 21 janvier (conjecture). Séjour en Suisse.
Début de février. Commence un séjour au « Moulin d’Andé », dans l’Eure, dans le but de terminer la première mouture du Voyage à l’étranger qu’il a commencé bien avant et qui a pour titre provisoire (jusqu’en 1965) La Marche de nuit.
11 mars. Lettre à sa mère, en-tête « Moulin d’Andé / St-Pierre-du-Vauvray » (Eure). « Voici plus d’un mois que je suis venu ici pour achever mon troisième roman [Le Voyage à l’étranger ou La Marche de nuit]. Achever n’est pas le mot, mais pour écrire sa première version. J’ai terminé ce premier travail hier et je vais rentrer à Paris dimanche où je resterai, à présent, d’une façon constante. / J’ai fort peu écrit de lettres pendant ce temps d’élaboration ; je pense que tu le comprendras. Mon roman se passera en Belgique, au bord de la mer et dans les Ardennes. Il sera très autobiographique, tu verras. Il s’appellera “La Marche de Nuit”/ Je suis chez des amis, ici, dans un très beau moulin de Normandie. Le printemps commence un peu. J’ai trouvé hier les premières violettes. Le moulin est situé au bord de la Seine. […] J’ai eu du plaisir à te voir un peu à Lausanne où j’espère que j’aurais l’occasion de revenir, par exemple pour recevoir le prix Veillon et je te promets, si cela arrive, nous irons faire un tour en Italie. » Il n’obtiendra pas le prix Veillon. Du 22 au 25 mars. Se trouve à Genève. 30 mars. Lettre à Gustave Roud de Paris. Lettre conservée au CRLR. GB a proposé à Paul Géraldy le nom de Roud pour le Prix du Prince Rainier de Monaco.
Du 15 au 19 avril. Se trouve à Dieppe en compagnie, entres autres, de Minou Drouet et des parents de Jean-Pierre Bourdeau. C’est la première mention, dans les documents (en l’occurence un carnet), de Dieppe. (Selon une lettre d’août 1963 à sa mère, des amis lui prêteront là-bas une maison, qu’il rendra une année après, faute de moyens pour la remettre en état.)
26 juin. Lettre dactylographiée à sa mère de Paris. « Je t’écris hâtivement pour te demander si tu es toujours d’accord de m’accueillir chez toi tout le mois d’août. Cela me rendrait un très grand service car j’ai besoin de re retirer de Paris pour terminer mon livre et Lausanne me paraît tout à fait approprié. »
10 juillet. Lettre à sa mère de Paris. « […] je suis très pris en mai et juin par un travail journalier chez un antiquaire que j’ai représenté à la Foire de Paris et dans sa boutique de l’avenue de l’Opéra. Sans un travail un peu fixe, il me deviendrait impossible de me nourrir et de payer la location de mon appartement. / J’aurais aimé pouvoir vivre, comme on dit, de ma littérature mais, hélas, mon dernier roman ne m’a guère apporté d’aisance. Je voudrais achever le troisième, mais je ne sais où aller puisque je n’ai plus de maison à Gordes. » 27 juillet. Lettre à sa mère de Paris. « Hélas je ne vais pas pouvoir venir à Lausanne pour l’instant car je travaille encore à la Galerie de l’opéra jusqu’au 15 août. Pas tous les jours mais le lundi et le samedi. […] J’ai reçu, tout à l’heure, un téléphone de S. P. Robert le peintre qui est de passage à Paris et je l’attends d’une minute à l’autre. C’est un véritable revenant. / Ce soir, je dîne chez les Tardieu qui m’invitent pour mon anniversaire. »
Début août. Grâce à une bourse de Pro Helvetia, loue un petit logement en Italie, près de la frontière française, pour y travailler sur le manuscrit du futur Voyage à l’étranger. Y séjourne jusqu’au début du mois d’octobre. Juliette, habitant dans sa famille à Vallauris, peut lui rendre visite facilement.
4 septembre. Photo légendée : « “Le dictateur” 4.9.1960. / à Buggio. Italie. » Se trouve là avec Juliette et plusieurs autres femmes. 18 septembre. Lettre à sa mère de Pigna-per-Buggio (Province Imperia). « Bien chère Maman, je suis en plein travail littéraire ici où mon amie Juliette a trouvé un logement très bon marché, avec une cuisine. Ainsi fais-je mes repas, ce qui me coûte très peu puisque j’aime les pâtes. J’ai pu venir ici grâce à l’idée que j’ai eue de louer mon appartement de Paris à un ami avec une marge de bénéfice intéressante. Tout cela, je te l’écris un peu tard car je me suis immédiatement mis au travail pour pouvoir donner mon manuscrit à la fin de cette année. / Moi qui croyais devoir rester à Paris durant l’été à respirer cet air malsain, j’ai pu, grâce à Juliette, réaliser mon plan de travail. / Ce petit village de Buggio est au fond d’une vallée à 25 kms. de Vintimille et de la mer donc. Juliette qui habite Vallauris pouvait venir, parfois, le dimanche me voir et m’installer un peu mieux. Elle vient de rentrer à Paris pour recommencer son école. / Quant à moi, je pense (et je suis décidé) partir d’ici le 3 octobre et remonter en Vespa jusqu’à Domodossela, prendre là le train pour Lausanne où je resterai quelques jours afin de te voir un peu. Ce sont les Graff qui me logeront à Jouxtens. Puis je rentrerai à Paris pour recommencer mon travail d’antiquaire. […] Hier en tournant le bouton de la radio, j’ai appris la mort de R. Th. Bosshard. J’en ai un grand chagrin car je l’aimais beaucoup. […] Il pleut affreusement et si je n’avais pas mon roman à terminer, je quitterai ce pays où je suis tout seul et étranger […] » 25 septembre. Lettre à Gustave Roud de Pigna-per-Buggio. Conservée au CRLR.
17 octobre. Carte postale à Gustave Roud de Vézelay. Conservée au CRLR. 18 octobre. Arrivée à Paris à 14 h 30. 23 octobre. Lettre à sa mère de Paris. « J’ai été heureux, aussi, que tu puisses venir à ce baptême qui fut bien sympathique. Je m’occuperai de ma petite filleule Aline. » 24 octobre. Lettre à Gustave Roud de Paris. Conservée au CRLR. « J’ai traversé un Jura en proie aux averses de neige et de pluies de l’avant-printemps et, le lendemain, à partir de Vézelay, le soleil s’est mis à éclairer les grandes plaines pour m’indiquer la route humide de Paris sous une longue voûte de feuilles d’or qui venaient se plaquer contre mon visage ou demeurer attachées sur le manteau du scooteriste. / La rue parisienne est plus silencieuse que le village de Buggio, mais on y respire, hélas, la mauvaise odeur des désordres politiques. Cependant, je suis heureux d’être chez moi. / Malheureux de n’avoir pas pu monter à la belle maison de Carrouge. On ne s’est point vu, vraiment, et, pourtant, j’avais tant de choses à te confier et tant de choses à entendre de ta bouche d’or. »
24 décembre. Carte de vœux à sa mère de Paris. « Je vais passer un Noël chez Juliette, mais comme je travaille à nouveau à la galerie de l’Opéra, je serai à la tâche dès lundi matin. Il y a, déjà, plus de 3 semaines que j’ai repris cette besogne. »