1942

Année des 28 ans, de la rupture avec S. Corinna Bille, de la fin de l’apprentissage, de la suite de la mobilisation militaire, de l’installation à Fribourg pour son premier emploi de libraire à la LUF tout en gardant l’appartement au château de Glérolles.

Janvier. Corinna, enceinte de GB, avorte. Selon le Vrai conte de ma vie : entrée en clinique le 11.01.42 et avortement le 16. 25 janvier. Rencontre décisive de S. Corinna Bille et Maurice Chappaz, selon le Vrai conte de ma vie.

Mars. Travail à la librairie Payot de Lausanne. Selon le Vrai conte de ma vie, début de la liaison de Corinna avec Maurice Chappaz ; rupture avec GB.

Mi-avril. Mobilisé en Engadine. 21 avril. Lettre à sa mère de Ponte-Campovasto. « Nous sommes montés en Engadine dimanche dernier pour y trouver un temps incertain, de pluie et de neige et parfois du soleil. Dans onze jours, nous en redescendrons et le 5 mai je serai libéré. Je ne sais pas ce qui m’attend, mais j’ai confiance. Quant au reste, rien n’a changé et je suis inconsolable. »

9 mai. Soirée avec Cingria.

12 juillet. Diffusion radiophonique d’une lecture de poèmes par GB, enregistrée en mai.

Août. Glérolles au début du mois, Bâle à la fin. Emménage à Fribourg.

16 septembre. N’est plus militaire depuis un certain temps. Carte postale à sa mère de « Louèche-Ville », comme il est écrit sur la carte postale représentant l’Hôtel de Ville. « Bonnes amitiés de Loêche. C’est une petite ville charmante et je me suis bien remis d’une certaine nervosité. Je vais rentrer à Fribourg merveilleusement frais. Jeudi, je serai à Glérolles. / Amitiés / G. » 22 septembre. Lettre à sa mère de Fribourg. « Ma chère Maman, / Voici, à la hâte, quelques photographies de la Librairie de l’Université. Tu verras par là qu’elle n’a pas son équivalent en Suisse Romande et qu’elle est luxueusement installée. Il fait bon y travailler et j’ai l’impression que cela ira très bien. / Seul[e] me soucie mon installation future. / Affectueusement / G. »

27 octobre. Lettre à sa mère de Fribourg. « Ma chère Maman, / Il faut vite que je te donne des nouvelles de ma soirée de jeudi [22.10]. Elle a excellement réussi. Je ne pouvais éspérer un si grand succès. Tout le monde est parti à deux heures ½ du matin, content et étonné. Les salades étaient excellentes, les bifteecks au fromage aussi et la viande a été cuite merveilleusement par [Pierre-Olivier] Walzer. Tout a eu du succès. Mr Egloff [directeur de la Librairie de l’Université] a amené du vin encore et un dessert. Tu vois que la chose a réussi. Je te Remercie encore beaucoup pour ton aide bien précieuse et tes conseils. J’éspère que cela ne t’aura pas ennuyé d’arriver dans ces circonstances à Fribourg. / Mes amis de St Imier qui devaient venir me voir dimanche à Fribourg m’ont télégraphié qu’ils ne pouvaient venir, mais qu’il fallait que j’aille les trouver. Je suis parti le samedi soir et j’ai passé une admirable journée. On m’a offert un excellent gigot de mouton et beaucoup de bons vins et je suis revenu avec une provision de vaisselle qui ne leur servait pas. C’est merveilleux ! / Je pourrais, si tu le veux, passer samedi soir à Lausanne avant d’aller sur Glérolles, car le dimanche soir, je rejoins les de Grandi à Vevey. » 29 octobre. Lettre de Frère Porion. Première lettre conservée où l’adresse de GB à Fribourg est 5, Grand Rue. « Mon cher Georges, / Je vous remercie de votre gentille lettre et du prompt envoi des livres demandés. Nous paierons consciencieusement la facture. / Vous avez oublié de facturer le port. J’en joins ci le montant, craignant qu’il soit à votre charge. / Je suis étonné que la Librairie de l’U. n’ai[t] pas ce petit livre de Maritain “Les Droits de l’Homme”, publié à New-York (“Maison Française”). Je vais essayer de le trouver chez Trono, à Genève, on m’a dit qu’il était en vente en Suisse. / Tout a un sens précieux, vous savez : même l’idiotie des choses réellement idiotes. / Que Dieu vous garde, / Votre ami et frère / JBaptiste M. Porion »

11 novembre. Carte postale de Charles-Albert Cingria à GB (Librairie de l’Université, 22 rue de Romont). « Ouchy, Poste restante […] Tres bien et tres gentil a vous cette proposition de la mansarde. Je viendrai aussi vite que possible, et le matin pour qu’on puisse s’entendre. Je louerai probablement un harmonium chez Von der Weit. / A bientot, tout a vous de tout cœur / Ch. A Cingria »

14 décembre. Lettre à Pierre-Olivier Walzer (chez « Mr Aeby, professeur, / 15, Pérolles / Fribourg ») de Saint-Imier, au « Moulin de la Reine Berthe ». Première lettre à Pierre-Olivier Walzer conservée dans le fonds Walzer des Archives littéraires suisses, comme les autres que nous citons jusqu’en 1997. « Mon cher Pierrot, / Tu mérites bien que je fasse un petit effort sur la maladie – c’est à dire sommeil et révasserie ! – pour te remercier de m’avoir écrit le premier et surtout, de me remplacer à la librairie certaines heures. Bataillard vient de m’écrire et de me mettre au courant de tes arrangements avec Egloff. Merci. C’est un souci de moins pour diminuer ma jaunisse. […] Comment te seras-tu figuré mon arrivée à St Imier ? C’est bien simple ! En débarquant jeudi soir à Chexbres village, en voyant Glérolles tout sombre dans la brume, je me suis demandé ce que j’allais faire là. Personne pour me soigner convenablement. J’ai pensé alors à mon cher ami le premier von Allmen camarade de service. Je lui ai téléphoné et j’ai fait demi-tour. Je suis extrêmement bien soigné et il n’y avait pas d’autres solutions pour moi sinon l’hôpital. […] Tu peux faire ce que tu veux et recevoir qui tu veux chez moi. » 20 décembre. Lettre à Gustave Roud de Saint-Imier. Conservée au CRLR. « Voilà 15 jours que je suis alité. […] Moi, je serai encore au lit probablement jusqu’à la mi-janvier ». Même jour. Lettre à Mademoiselle Schmidli. « Je vous remercie, vous et tous les chers collègues de la Luf., de votre lettre commune qui m’a profondément touché. […] C’était une très grosse jaunisse mal soignée pendant 10 jours et lorsque je suis arrivé à St Imier, je n’étais qu’une loque. Mes amis me soignent extrêmement bien. A Glérolles, j’aurais trouvé l’isolement, aussi ai-je bien fait de demander l’hospitalité à ces vieux amis von Allmen. […] J’écrirai encore à Monsieur Egloff dès que je serai reposé. Aujourd’hui j’ai eu la visite de mes parents. » 22 décembre. Lettre à sa mère. « Ma chère Maman, / tu as fait, ainsi que Paul, plaisir à Mr et Mme von Allmen en acceptant leur invitation. A moi aussi votre visite m’a profondément touché. / Puisqu’après demain c’est déjà Noël, je viens vous souhaiter d’heureuses fêtes. / Quand je me relèverai et que je viendrai à Lausanne, je vous offrirai une surprise, mais pour l’instant je ne sais ce que va faire Egloff au sujet de ma paie de décembre. » Même jour. Lettre à Pierre-Olivier Walzer (à « Librairie de l’Université, / Fribourg »). Lui demande de trouver chez lui un carnet de dépenses journalières avec des cartes de savon et de textiles. Noël. Lettre de Frère Porion. « Mon cher Georges, / M. Gustave Roud m’a envoyé son livre, avec une gentille dédicace, et ces traductions, que je trouve très, très belles, me font un vrai plaisir : c’est à vous que je dois ce cadeau, et je ne veux pas manquer de vous en remercier. J’ai aussi écrit à l’auteur. / J’aime Hölderlin à cause de sa pureté et de son attitude contemplative : s’ouvrir à tout dans un grand silence des chagrins et des joies propres ; je ne vous souhaite que cela, cher Georges, garder votre liberté, la merveilleuse liberté du regard, et l’approfondir. / Pouvez-vous me donner un renseignement : combien de temps faut-il – à peu près – pour faire venir un livre de Paris ? Plus de deux mois, n’est-ce pas anormal tout de même ? D’Angleterre nous faisons venir un livre en 2 mois et 20 jours. / Que Dieu vous garde ! Je vous demeure uni ».

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