1979
Année des 65 ans, de la première mention du roman Le Jour du printemps (publié en 1999, posthume), de la mort de S. Corinna Bille.
10 janvier. Facture du déménagement de l’appartement d’Ida Gavillet morte le 2 décembre : « Transport de meubles usagés de Lausanne à Paris », volume de quatre mètres cube pour quatre cents kg. 13 janvier. Reçu de gérance pour « trois clefs de l’appartement de feue Madame Ida Gavillet, Avenue du Tribunal-Fédéral 5 à Lausanne ». 15 janvier. Lettre à Bertil Galland de Paris. « Bien chers Bertil et Betty, / il faut croire que la querelle autour de l’Encyclopédie vaudoise est très montée en neige car on m’en parle, sans précision, dans les lettres et vœux que je reçois de Suisse. […] J’ai relu ce que j’ai écrit sur Jaccottet. A sa place, je me reconnaîtrai tout à fait. Le miroir est beau. Sans doute, personne ne sait jamais quelle image on a dans la vie et devant les autres. Tous introspectifs que nous sommes nous portons un regard myope, parce que trop près sur nous-mêmes. […] Je me remets lentement au travail. Je m’étonne que le départ de ma mère me laisse sur un sentiment d’absence excessive, comme d’un membre que l’on m’aurait coupé. Et puis c’est vrai que perdre sa mère, c’est vieillir définitivement. / Je vous embrasse tous les deux. Je suis tout près de vous. / Georges » 17 janvier. Lettre de Bertil Galland. « On pense à toi. Je compatis à tes fatigues face aux cartons du passé. »
1er février. Lettre à Bertil Galland de Paris. « Merci pour toute la documentation gazette de Lausanne sur Kuffer. Tout cela est tellement excessif qu’il n’a plus de portée. J’ai reçu des témoignages qui sont en notre faveur, l’un de Livio rencontré ici chez Béjart, l’autre d’un ophtalmologiste lausannois célèbre – dont j’ai oublié le nom – qui se trouvait à dîner chez un ami pointu et sa femme : Pierre Lesieur. […] on me dit que la dispute se prolonge encore… crois-moi, venant de ce petit crétin qui m’a déjà frotté de vinaigre et de miel dans La Liberté de Fribourg, je ne considère pas son tribunal, sa clique comme bien plausible, et bien dangereuse. » Dans la même Liberté de Fribourg, Frédéric Wandelère écrit lui aussi un article pas toujours élogieux sur le travail de GB dans l’Encyclopédie ; GB envoie alors une lettre au rédacteur en chef, qui la fait passer à Wandelère. 26 février. Lettre de Frédéric Wandelère. « François Gross [rédacteur en chef de La Liberté] m’a fait tenir la lettre que vous lui avez envoyée au sujet de ma note sur le tome 7 de l’Encyclopédie du Pays de Vaud. J’imaginais que l’éditeur vous l’avait fait parvenir déjà. Maintenant que vous l’avez lue je suis persuadé que nous ne la tenez ni pour désobligeante, ni pour injuste. […] J’ai rédigé ma note sans songer à plaire, ni à flatter, en écrivant simplement ce que je pensais, sans exagérer mon approbation ni mes réserves. »
2 mars. Carnet : « Vu chez Lipp (2.3.79) J.P. Sartre. » 12 mars. Lettre de Frédéric Wandelère. « Votre lettre me rassure. Sauf le petit coup de griffe – “pipette” – que vous avez dénoncé (mais n’êtes-vous pas vous-même, en ce domaine, un maître-chat ?) nous sommes assez d’accord. / Mais, entre nous, je ne contestais pas votre capacité de jouir de la poésie, de vous en délecter dans le secret de votre intimité, et de communiquer une sorte de ferveur à un cercle d’amis choisis, lors de veillées habitées par la grâce. Je ne conteste pas du tout cela. Je disais, au fond, que vous n’êtes pas un critique. Sans doute vous sentez une œuvre, mais – est-ce pudeur, respect ? – vous ne nous conduisez pas à l’intérieur de cette œuvre. Qu’importe, d’ailleurs ; nous avons plus besoin de créateurs que de critiques ! »
3 mai. Signature d’un contrat avec Grasset pour « un ouvrage intitulé provisoirement Le jour du printemps » avec remise à l’éditeur « avant le 31 décembre 1979 ». 7 mai. Lettre à Pierre-Olivier Walzer de Paris. « Mon grand et vieux frère, tu me bastonnes un peu mais j’ai toutes les apparences contre moi. Je suis en effet peu venu à Berne, prisonnier que j’étais des Fribourgeois et de mon peu d’enthousiasme pour la Suisse maternelle, si je puis dire. Je veux parler de la Suisse punitive que représentait ma mère. / Mais c’est avec joie que je me précipiterai à Berne vers la fin de l’automne, le début de l’hiver comme j’en avais, comme j’en ai conçu le plan avec la ravissante Mme Hahnloser. – Je l’ai rencontrée au vernissage Vallotton et non point à l’Ambassade – Nous avons ensemble pens[é] que nous pourrions toi et moi nous entretenir, dialoguer ensemble. Tu serais le questionneur même indiscret, pourquoi pas et moi le soumis “condamné”… Ce serait mieux qu’une conférence qui n’est pas mon genre. Je m’y prends les pieds dans un fil que je tiens mal ou ne sait pas enrouler. Mon humour s’en va pour vouloir trop rechercher la profondeur. Que penses-tu de la formule ? / J’ai presque fini la nième rédaction de mon roman “Le jour du printemps” quel labeur ! »
11 juillet. Lettre à Bertil Galland de Paris. « … vous annoncer que j’ai remis à Grasset le manuscrit de mon roman le Jour du printemps et qu’il ira à la frappe – sinon je n’aurais pas le courage de recommencer à le taper ! – Dès que j’aurai un exemplaire, je vous le remettrai en Suisse ou sinon je vous le ferai apporter. Ouf ! c’est fini ! / J’ai travaillé depuis janvier avec une énergie qui m’étonne encore. Je suis allé à la fin juin 36 heures à Bulle pour me faire soigner les dents chez Demierre […] mais je reviens après le 24 juillet (une télévision à Genève) et je retournerai à Bulle […] Je pars demain pour le lot car j’ai besoin de repos, de silence, de campagne et le 23 au soir je serai à Genève. » 12-23 juillet. À Calvignac. 24 juillet. Émission de la Télévision Suisse Romande « En direct avec ». Passe à Bulle et retourne ensuite à Calvignac.
5 août. Lettre à Pierre-Olivier Walzer de Calvignac. « Mais avec joie, je vous attends tous les deux ici – et même le chien qui sans doute me mangera pas mon chat – Pour l’itinéraire : Vallée du Lot de Cahors à Cajarc… sur la route, à huit kms. de Cajarc en remontant le Lot le village perché de Calvignac A l’épicerie on te dira comment m’atteindre, mais pourquoi ne pas me donner rendez-vous à Cajarc à une heure approximative ? J’attendrai à la terrasse du bistro de l’hôtel Moderne, sur le pourtour des anciens remparts. De là, je vous indiquerai le chemin en vous précédant en vespa. Faites moi toutes les propositions, je serai vote humble et obéissant serviteur. / Je me réjouis de vous voir. G. / Merci pour avoir accepté ma gueule télévisée et mes propos. »
10 septembre. Lettre à Bertil Galland de Calvignac. « Je serai à Paris dans 10 jours. Je vous avais écrit pour vous dire que mon roman était terminé. Je n’ai pas eu votre réaction. Si tu veux co-éditer, il est temps de le demander à Privat. Je paraîtrai, je pense, en janvier prochain. / C’est vrai. Maintenant, je me mets à la grande promenade. / Je serai en Suisse au début octobre. Je veux vous voir. »
5 octobre. Lettre à Bertil Galland de Bulle. « Malheureusement, Monique Bizien (la secrétaire de B. Privat) vient de me téléphoner pour me dire qu’il ne faut pas que je tarde de rentrer à Paris : la dactylographe qui refait une copie lisible (sans mes multiples corrections) se trouve devant des difficultés qu’elle n’arrive pas à surmonter. Aussi je rentre demain afin d’être à l’œuvre lundi matin. » 24 octobre. Mort de S. Corinna Bille.